Santé au travail: Clés pour sensibiliser et prévenir efficacement!

Les temps ont changé ; travailler ne se limite plus à subvenir aux besoins de sa famille et à régler ses factures. De nos jours, il est important que le travail apporte également une satisfaction personnelle. «Au fil des années, les attentes des employés, tout comme celles des employeurs, ont évolué. Les employés deviennent plus rapidement mécontents de leurs conditions de travail tandis que les employeurs recherchent une performance immédiate accrue», indique le Dr Sébastien Eich, spécialiste en santé au travail à la SUVA, l’assurance nationale suisse pour les accidents, qui couvre aussi les maladies liées au travail.

Élaboration d’une stratégie

Cette situation peut engendrer de la souffrance chez les travailleurs, tant au niveau physique que mental. «Il est crucial que les entreprises développent une stratégie de santé au travail, comprenant un plan d’action et un suivi, pour assurer des conditions de travail optimales à leurs employés», poursuit le spécialiste. La responsabilité de maintenir un environnement de travail sain doit être partagée entre l’employeur et l’employé. L’entreprise doit instaurer une culture de prévention et prendre les mesures nécessaires pour protéger ses employés, qui doivent à leur tour les respecter, en prenant par exemple le repos nécessaire pour maintenir leur efficacité au travail ou en portant un casque de sécurité sur les chantiers. Par exemple, les sacs de ciment de 50 kg sont remplacés par des sacs de 25 kg, mais cette mesure est inefficace si l’ouvrier en porte deux à la fois pour gagner du temps!

«À l’exception des grandes entreprises, la plupart ne disposent pas d’un service interne de santé au travail, car la loi ne les y oblige pas. L’appel à des spécialistes en sécurité au travail est réglementé par une directive fédérale¹, en fonction notamment de la présence de dangers spécifiques, de conditions particulières et du nombre d’employés», explique la Dre Mariângela de Moraes Pires, inspectrice du travail à Genève. Elle ajoute : «Lorsque des cas parviennent à l’inspection, les problèmes sont souvent complexes et l’impact sur la santé des employés est déjà notable. Une meilleure compréhension des risques et des mesures de protection est cruciale. La sensibilisation devrait commencer dès l’école professionnelle. Le monde du travail évolue constamment et certaines entreprises sous-estiment à tort les risques liés à leur activité.» L’exemple de la pandémie de Covid montre que les risques infectieux, autrefois limités à certaines professions comme le personnel de santé, s’étendent désormais à toute personne en contact avec le public, sans oublier les nouveaux risques psychosociaux liés au télétravail.

Collaboration indispensable

La méconnaissance des problèmes de santé potentiels et une perception erronée du travail des spécialistes sont des obstacles à surmonter. «Le rôle du médecin du travail est souvent méconnu, regrette la Dre Peggy Krief, médecin adjointe au département de santé, travail et environnement d’Unisanté à Lausanne. Dans certaines entreprises, les employeurs hésitent à collaborer avec des spécialistes de peur de voir leur rentabilité affectée. Pourtant, les mesures préventives permettent de réduire les maladies et l’absentéisme. Un quart des consultations médicales de premier recours sont liées au travail!»

Certains problèmes physiques, comme les douleurs lombaires chez ceux qui soulèvent de lourdes charges, sont facilement attribuables à l’activité professionnelle. D’autres problèmes de santé sont moins évidents et leur lien avec le travail peut être difficile à établir, comme dans le cas des risques psychosociaux et des maladies professionnelles non reconnues par la loi sur l’assurance accident. «On parle beaucoup de souffrance au travail, mais il manque de données objectives», déplore la Dre Krief. En Suisse, il n’y a pas de chaire de santé au travail dans le domaine de la santé publique, et les centres universitaires spécialisés sont rares. Ils pourraient pourtant aider à mettre en lumière l’impact des conditions de travail sur la santé et à mener des recherches utiles pour les décideurs politiques, afin de mettre à jour le système de santé au travail et de répondre aux besoins réels. Les maladies professionnelles sont également sous-estimées, en partie à cause du manque de connaissances des médecins, des employeurs et des travailleurs, ainsi que du manque de spécialistes en santé au travail.

La santé comme objectif de management

La recherche sur le terrain et la formation des médecins sont des moyens de changer les mentalités, tout comme les actions de prévention et de sensibilisation. Dr Eich insiste : «Protéger la santé des employés doit être un objectif du management. Il serait bénéfique que les cadres reçoivent une formation de base en santé et sécurité au travail. Le capital humain est la ressource principale d’une entreprise. À quoi bon installer une table de ping-pong dans la cafétéria si l’organisation du travail est mauvaise et les employés constamment sous pression? La santé au travail ne devrait pas être un argument marketing, mais faire partie intégrante de la culture d’entreprise, au même titre que la prévention des accidents et des maladies professionnelles.»

Certaines grandes entreprises disposent d’un département interne qui gère ces questions et font appel à des médecins du travail (pour évaluer et prévenir les maladies professionnelles et soutenir le retour au travail adapté), à des hygiénistes (pour identifier les polluants et mettre en place des mesures pour éviter l’exposition) ou encore à des ergonomes (pour adapter les postes de travail et garantir le bien-être des employés).

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1    www.ekas.admin.ch/index-fr.php?frameset=27

2    https://www.ge.ch/faire-appel-consultation-interdisciplinaire-sante-au-travail-cist