Sommaire
Impact de la dépendance parentale sur les enfants : une réalité préoccupante
En Suisse, près de 100 000 jeunes cohabitent avec au moins un parent affecté par une addiction à l’alcool ou à d’autres substances, exposant ces familles à des difficultés considérables. La dépendance, bien que centrée sur l’individu, affecte profondément son entourage immédiat, notamment les enfants qui subissent les conséquences de cette instabilité au quotidien. Le domicile, loin d’être un havre de sécurité, se transforme en source d’anxiété constante. Markus Meury, de Addiction Suisse, explique que ces enfants vivent dans l’angoisse, ne sachant pas dans quel état ils trouveront leurs parents à leur retour de l’école.
L’alcool est souvent lié à des actes de violence domestique, en raison de son pouvoir désinhibant. Le Dr Thierry Favrod-Coune, des Hôpitaux universitaires de Genève, ajoute que cela affecte également les capacités cognitives, empêchant des réactions plus pacifiques. Les risques de violence, qu’elle soit physique, psychologique ou de négligence, sont élevés pour les enfants. Markus Meury observe que l’adulte dépendant peut avoir tendance à blâmer les autres, et souvent l’enfant, qui grandit avec un sentiment de culpabilité.
De plus, la dépendance d’un parent peut indiquer une prédisposition familiale, qu’elle soit héréditaire ou liée à des schémas comportementaux appris. Les enfants de parents dépendants ont six fois plus de risques de développer eux-mêmes une addiction.
Des rôles familiaux bouleversés
L’addiction d’un parent influence également la vie scolaire de l’enfant. Problèmes de concentration, difficultés à effectuer les devoirs, isolement et échec scolaire sont fréquents. Dans les familles monoparentales, il n’est pas rare que l’enfant endosse des responsabilités normalement dévolues à un adulte, comme faire les courses ou s’occuper du ménage. Cette inversion des rôles, appelée « parentification », peut peser lourdement sur l’enfant. Markus Meury note que ce phénomène peut persister à l’âge adulte, certains continuant de prendre en charge un parent dépendant.
Quelles aides sont possibles ?
En mars, la Fondation Addiction Suisse a lancé une importante campagne pour sensibiliser l’entourage sur l’impact de la dépendance des parents sur les enfants. Markus Meury souligne qu’il est souvent compliqué pour un enfant de parler de sa situation, par loyauté envers ses parents. Les signes de détresse de l’enfant peuvent varier : fatigue, agressivité, repli sur soi… Ce sont des indicateurs difficiles à détecter. Il est généralement plus aisé de repérer les problèmes d’addiction chez l’adulte.
Il est crucial de briser le silence entourant ces situations. Que l’on soit un proche, un voisin, un médecin, un ami ou un enseignant, il est essentiel de discuter de la situation observée et de proposer son aide, avec une approche de soutien plutôt que de jugement. Comme le précise le Dr Favrod-Coune, intervenir ne signifie pas juger mais soutenir. Le placement de l’enfant est envisagé uniquement lorsque toutes les autres options ont échoué, explique Markus Meury.
En cas de violence, des organismes comme LAVI, l’Unité de prévention de la violence et le Groupe de protection de l’enfance des HUG, ou les Services de protection des mineurs peuvent offrir leur aide.
_______
[1] www.enfants-parents-dependants.ch
[2] Centre de consultation pour victimes, présent dans divers cantons.
Articles similaires
- Enfants tyrans : comment la dominance s’installe dans nos familles ?
- Comment parler d’amour aux enfants ? Découvrez les méthodes clés !
- Préparez-vous pour la rentrée : astuces et conseils essentiels !
- Quand Jouer Devient Essentiel : Découvrez Pourquoi!
- Obésité : Quand manger devient aussi addictif que la drogue !