Obésité : Quand manger devient aussi addictif que la drogue !

par adm
Obésité: quand la nourriture devient une drogue
Pour certaines personnes, l’acte de manger peut devenir une véritable addiction, entraînant surpoids ou obésité et leurs multiples complications. Ce phénomène présente des origines partiellement biologiques, mais comprend également divers autres facteurs.

Les impacts de l’obésité sur la santé sont considérables, incluant diabète, maladies cardiovasculaires et cancers, ce qui soulève des inquiétudes au sein de la communauté scientifique internationale. Face à une augmentation alarmante des statistiques, le terme d’épidémie est fréquemment employé. Depuis 1990, le taux d’obésité adulte a doublé mondialement; en Suisse, 42% des adultes sont en surpoids et 12% obèses.

Enjeu de santé publique

La lutte contre l’obésité est devenue une priorité de santé publique et un champ de recherche essentiel. Pour traiter efficacement, il est crucial de comprendre les causes sous-jacentes de ce problème. Principalement, l’obésité est due à une consommation excessive de nourriture, souvent sans réelle faim, un comportement qui s’apparente à une dépendance. « Le problème de l’obésité est majoritairement causé par une suralimentation plutôt que par un manque d’activité physique. Certaines nourritures peuvent stimuler le cerveau de manière similaire à des drogues comme l’héroïne », explique le Pr Christian Lüscher, chercheur en neurosciences à l’Université de Genève. Mais pourquoi cette tendance à trop manger ? Une part de la réponse réside dans la biologie, qui explique comment la nourriture peut parfois devenir une addiction.

Graisses et sucres

Quand nous mangeons, deux systèmes dans le cerveau sont sollicités. Le système homéostatique régule notre consommation selon nos besoins énergétiques, nous incitant à manger quand nous avons faim et à nous arrêter quand nous sommes rassasiés. Le système hédonique, lui, nous pousse à manger pour le plaisir, même en absence de faim ou de besoin énergétique. Ce dernier, au cœur de l’addiction alimentaire, est particulièrement sensible aux aliments gras et sucrés, qui libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur lié au plaisir, activant ainsi le circuit de la récompense et encourageant la répétition du comportement addictif (voir encadré).

Depuis plusieurs décennies, notre alimentation a été envahie par ces aliments riches en graisses et en sucres (voir encadré). « Les aliments à haute densité calorique qui combinent sucres et graisses sont omniprésents et économiquement accessibles. Nous pensons que c’est une cause majeure de l’épidémie d’obésité. Cela est particulièrement vrai dans des pays comme les États-Unis, la Turquie, la Jordanie et l’Arabie saoudite, où l’obésité est très répandue », analyse le Pr Lüscher.

Il est difficile d’évaluer le nombre exact de personnes touchées par l’addiction alimentaire. Comme pour les drogues, seule une minorité des individus exposés à la ‘substance’ (ici, la nourriture) développe une dépendance. « Pour la cocaïne, c’est 20% des utilisateurs, pour l’héroïne, 30%. Mais dans le cas de la nourriture, étant donné que tout le monde doit manger, même une minorité représente un grand nombre de personnes », précise le chercheur. Une méta-analyse de 2022 estime que 20% de la population adulte pourrait être concernée par cette addiction.

Voie génétique

Comment alors traiter cette maladie ? Les régimes se révèlent inefficaces sur le long terme face à une addiction. L’approche psychothérapeutique rencontre également des obstacles, car il est impossible de se sevrer totalement de la nourriture. La chirurgie bariatrique reste une option, bien que lourde et avec des risques d’effets secondaires. Toutefois, des avancées en génétique offrent de nouvelles perspectives. Certains enfants, par exemple, naissent avec une carence en leptine, une hormone de satiété, et consomment quatre à cinq fois plus que leurs pairs, entraînant une obésité sévère. Pour ces jeunes patients, un traitement à base de leptine peut induire une perte de poids rapide et durable. « C’est une anomalie génétique rare, et ce traitement n’est pas efficace pour la majorité des personnes obèses qui ne sont pas déficientes en leptine. Mais cela nous aide à mieux comprendre le fonctionnement du système homéostatique et à progresser dans la recherche », se félicite le Dr Valérie Schwitzgebel, des Hôpitaux universitaires de Genève.

Médicament miracle

Le principal inconvénient est que la reprise de poids survient dès l’arrêt du traitement, nécessitant ainsi une médication à vie, à moins qu’une autre solution soit trouvée pour maintenir la perte de poids. Malgré cela, dès sa mise sur le marché, ce médicament était déjà en rupture de stock, ce qui n’est pas nécessairement un problème pour les laboratoires qui le produisent.

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