Fatigue quotidienne : comment éviter qu’elle ruine votre vie ?

Devenue encore plus courante depuis l’émergence du Covid, la fatigue pose un défi constant au monde médical. Sans marqueurs biologiques clairs pour la définir, la fatigue se manifeste sous diverses formes et reste difficile à cerner. Est-ce une maladie, un symptôme ? Il est complexe de définir ce sentiment qui varie grandement d’une personne à l’autre. Bien qu’il n’y ait pas de traitement spécifiquement conçu pour la fatigue, diverses approches peuvent améliorer significativement la qualité de vie.

Rarement une origine somatique

«La fatigue est une plainte courante qui exige un examen approfondi», affirme le Dr François Héritier, médecin de famille et président du Collège suisse de médecine de premier recours. Cette évaluation détaillée permet de collecter des informations sur le style de vie du patient et les circonstances de l’apparition de la fatigue, comme un stress significatif ou une infection virale. «Il est crucial de repérer des signaux d’alerte tels qu’une perte de poids non voulue, une nouvelle difficulté à respirer, des sueurs nocturnes ou la présence de sang dans les selles ou l’urine», précise le Dr Héritier. Des examens biologiques sont alors réalisés pour vérifier les principales fonctions corporelles (foie, reins, thyroïde, etc.) et identifier d’éventuels dysfonctionnements. Toutefois, la plupart du temps, ces tests ne révèlent aucune anomalie.

«On oublie souvent que la fatigue est liée à notre rythme de vie», remarque le Dr Héritier, en soulignant l’importance du sommeil. Un manque de sommeil ou un sommeil de mauvaise qualité peut causer de la fatigue dès le matin et de la somnolence durant la journée. «Les troubles du sommeil augmentent avec l’âge, mais ce n’est pas inévitable», observe le Pr Christophe Büla, chef du Service de gériatrie et de réadaptation gériatrique du CHUV. Il est essentiel d’aider les patients à améliorer leur sommeil pour réduire au moins partiellement la fatigue ressentie.» Lorsque nécessaire, des médicaments peuvent être prescrits temporairement, mais améliorer le sommeil nécessite souvent de changer certaines habitudes quotidiennes, comme réduire la consommation de stimulants (café, thé, alcool), pratiquer une activité physique régulière, éviter les repas trop lourds le soir, prendre un moment de détente avant de dormir (lecture, méditation), et limiter l’exposition aux écrans dont la lumière bleue perturbe le sommeil. «Si la personne ronfle et en fonction de son profil, un syndrome d’apnées du sommeil peut également être suspecté», ajoute François Héritier. Un traitement par appareil à pression positive continue peut alors nettement améliorer le sommeil et par conséquent, réduire la fatigue.

Ne pas sous-estimer l’aspect psychologique

La fatigue conduit progressivement à limiter ses activités pour se ménager, ce qui entraîne à long terme une perte de condition physique et une diminution des interactions sociales, affectant significativement le moral. La santé mentale est un aspect crucial à considérer en cas de fatigue. «Il ne faut pas immédiatement penser à un épisode dépressif ou à de l’anxiété lorsqu’aucune cause physique n’est trouvée : la fatigue peut être un indicateur de ces troubles, qui sont très répandus», insiste le Dr Héritier. Chez les personnes âgées, la reconnaissance de ces symptômes n’est pas toujours optimale. «Les patients parlent peu et les soignants ont tendance à normaliser ces baisses de moral», reconnaît le Pr Büla. «Même s’il y a des raisons à ces états, cela ne signifie pas qu’on ne peut rien faire.» Un soutien actif, avec ou sans psychothérapie, peut suffire à améliorer le bien-être. «Pour les seniors encore actifs professionnellement, prendre une pause peut être bénéfique. Se reposer puis reprendre progressivement est souvent la meilleure approche», conclut le Dr Héritier.

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