Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’infertilité est définie par l’incapacité à concevoir naturellement après un an de rapports sexuels réguliers sans protection. En Suisse, cela affecte 10 à 15% de la population. D’une part, des études indiquent une détérioration de la qualité et de la quantité du sperme. D’autre part, il y a eu une augmentation de l’utilisation des techniques de procréation médicalement assistée, telles que la fécondation in vitro (FIV), dont le nombre de procédures s’est stabilisé à environ 6000 par an depuis 2010. Est-ce à dire que la fertilité est en déclin? Voici l’analyse de deux experts.
Sommaire
Comprendre la fertilité : une tâche complexe
Le Dr Federico Del Vento, chef de clinique au service de gynécologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), souligne la difficulté de confirmer une baisse de la fertilité par rapport au passé. «Il n’existe pas de mesure précise pour évaluer la fertilité, et de nombreux facteurs peuvent l’affecter, tant chez les femmes que chez les hommes, au-delà de la qualité du sperme ou de la santé de l’utérus,» explique-t-il. Il rappelle également que la qualité et la quantité des spermatozoïdes ainsi que la réserve d’ovocytes peuvent naturellement varier tout au long de la vie. En effet, un couple en bonne santé n’a que 25% de chances de concevoir un enfant chaque mois.
La baisse de la qualité du sperme : un véritable enjeu ?
«Des études rétrospectives ont montré une diminution de la concentration et du volume total de spermatozoïdes,» indique Rita Rahban, chercheuse au Département de génétique et développement de l’Université de Genève. Toutefois, l’idée d’une baisse généralisée est encore controversée dans la communauté scientifique. Selon Federico Del Vento, «cela est dû en partie au manque de données sur de longues périodes, aux différences de critères et techniques entre les études ou à leurs évolutions. Par ailleurs, la baisse du nombre de spermatozoïdes, de 99 à 47 millions par millilitre en cinquante ans selon une étude de 2017, est considérée comme mineure en termes de fertilité, car elle reste supérieure à la norme de l’OMS de 15 millions par millilitre.» Il est donc difficile de déterminer si cette diminution a un impact réel sur la fertilité masculine.
Impact des perturbateurs endocriniens sur la fertilité
Les perturbateurs endocriniens, souvent critiqués, sont des molécules, naturelles ou synthétiques, qui peuvent interférer avec le système hormonal et, par extension, avec la fertilité, bien que leur impact soit difficile à mesurer. Ces substances peuvent imiter ou bloquer des hormones, ou interférer avec leur production et régulation. On retrouve parmi eux les pesticides, certains plastiques tels que les phtalates et le bisphénol A, ou encore certains métaux lourds. «Les effets des perturbateurs ne dépendent pas toujours de la dose reçue, et peuvent être plus sévères à faibles doses. De plus, l’exposition à un mélange de plusieurs perturbateurs peut conduire à un effet cocktail, qui peut être différent de l’effet d’une seule substance,» note Rita Rahban. Une recherche de l’Université de Genève publiée en 2021 a révélé un lien entre l’exposition in utero aux perturbateurs endocriniens et une diminution de la qualité du sperme à l’âge adulte. Rahban ajoute que «ces substances ont principalement un impact pendant la grossesse sur le développement des testicules, et pourraient également affecter le développement des ovaires, un domaine qui nécessite encore des recherches.»
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