Alzheimer : Nouvelles stratégies de prévention révolutionnaires!

En Suisse, actuellement, environ 150 000 individus sont atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles similaires, un chiffre qui risque de plus que doubler dans les trente prochaines années. Ces troubles neurodégénératifs entraînent une dégradation lente et progressive des cellules nerveuses, provoquant initialement des perturbations de la mémoire, puis une dégradation d’autres capacités cognitives, aboutissant finalement à une perte d’autonomie sévère au quotidien.

Initiative pour une prévention personnalisée

Une collaboration internationale, menée par l’Université de Genève (UNIGE) et les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), et incluant également le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), a établi un programme centré sur la prévention de la maladie d’Alzheimer. «Notre objectif est de fonder un nouveau centre destiné aux personnes à risque de développer la maladie ainsi qu’à celles qui signalent des problèmes de mémoire ou autres troubles cognitifs malgré des examens cliniques normaux. Ces cas de « plainte cognitive subjective » concernent près de 20% des visiteurs des Centres de la mémoire. Pour tous ces patients, un protocole sera mis en place pour assurer un suivi et fournir des réponses appropriées», déclare Federica Ribaldi, chercheuse au Centre de la mémoire des HUG et actrice clé de cette initiative.

Le protocole commence par une évaluation des facteurs de risque qui pourraient favoriser l’apparition de la maladie, incluant les aspects génétiques et des éléments liés au style de vie, tels que l’hypertension, la sédentarité ou l’isolement social. Un niveau de risque est ensuite déterminé et un programme de prévention personnalisé est proposé pour atténuer les risques modifiables identifiés. Ce programme vise notamment à améliorer la cognition, l’activité physique, la nutrition et à gérer les facteurs de risque vasculaires. «Ces interventions combinées pourraient être bénéfiques pour retarder le déclin cognitif chez les personnes sans troubles cognitifs manifestes, surtout pour celles à haut risque de développer Alzheimer», continue la chercheuse. Le programme prévoit aussi des activités de renforcement cognitif par des jeux et exercices stimulant divers types de mémoire. Une phase pilote est prévue pour la fin de l’année au Centre de la mémoire de Genève, et le déploiement clinique devrait débuter en 2025.

Prévention de la perte d’autonomie

Un autre projet, développé au CHUV sous le nom de CareMENS (care pour soins et MENS pour esprit, mémoire et neuroscience), cherche à ralentir le déclin cognitif lié à Alzheimer et à limiter la perte d’autonomie. Disponible dans la plupart des Centres de la mémoire en Suisse romande, «ce programme s’adresse aux personnes aux premiers stades de la maladie mais aussi à celles exprimant une plainte cognitive subjective, car elles sont également à risque de développer des troubles», explique Andrea Brioschi-Guevara, neuropsychologue au CHUV et responsable de CareMENS. L’objectif est de maintenir ou d’améliorer la qualité de vie des patients, tout en agissant sur l’anxiété et la dépression des patients et de leurs proches.

Un rôle de ‘care manager’ a également été créé pour coordonner les soins médicaux et paramédicaux avec la société, comme expliqué par la neuropsychologue : «Par exemple, un traitement physiothérapeutique pourrait encourager la participation à des activités de groupe, comme l’aquagym, pour briser l’isolement.» De plus, des formations sont proposées au personnel des salons de coiffure, cafés, pharmacies, et supermarchés pour mieux comprendre la maladie et reconnaître les signes de troubles cognitifs ou de comportement chez les personnes âgées, leur permettant ainsi de diriger ces individus vers les soins adaptés. Les premiers résultats montrent une amélioration de la «participation sociale» et une réduction de l’anxiété chez les bénéficiaires, tout en maintenant leur autonomie malgré leur déclin cognitif.