Pandémie : et si elle avait transformé notre caractère ? Découvrez comment !

Pendant de longues périodes, notre quotidien a été dicté par les chiffres de la pandémie, les conseils de santé publique et les multiples restrictions dues au Covid-19. Les médias n’ont parlé presque exclusivement que de cela, isolant beaucoup d’entre nous de nos soutiens sociaux habituels. La peur et l’incertitude se sont installées durablement. Durant cette phase, de nombreux individus ont développé des symptômes d’anxiété et de dépression, et en Suisse, on a noté une augmentation des pensées suicidaires et des tentatives de suicide. Le Covid-19 a non seulement menacé notre santé physique mais aussi mentale, en nous privant des éléments vitaux à notre équilibre psychologique. Selon Martin Debbané, professeur associé à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, il est crucial pour l’équilibre psychique de l’individu de se sentir intégré dans un groupe, aimé, considéré et actif dans sa société, avec la capacité de se projeter dans l’avenir. Il souligne que la qualité de nos relations influe directement sur nos comportements, réduisant la propension aux comportements auto-destructeurs et agressifs envers autrui.

Tandis que certains ont trouvé des moyens novateurs de maintenir le contact ou ont utilisé cette crise pour se reconnecter avec eux-mêmes, d’autres ont souffert intensément de la solitude et de l’isolement. Pour certaines familles, la perte d’un proche a rendu cette période encore plus éprouvante.

Combattre l’Incertitude

Face à l’adversité, chacun réagit selon sa propre vulnérabilité et gère les émotions négatives à sa manière. Il est fréquent de chercher un responsable, que ce soit soi-même ou autrui. «Penser qu’il y a une cause à une expérience négative peut être vu comme un remède contre l’incertitude. L’âme humaine répugne à l’incertitude. En se blâmant ou en blâmant les autres, on obtient un semblant de contrôle et l’impression que des actions concrètes pourraient tout régler», explique le Pr Debbané. Confrontés à des pertes et à un sentiment d’impuissance, il devient difficile de se projeter dans l’avenir sans ressentir d’amertume ou de négativité, ce qui nous rend plus susceptibles à l’égard des problèmes et peut mener à une peur excessive de l’avenir, anticipant les problèmes de manière pathologique et dramatisant les événements. Pour certains, l’éloignement social a renforcé l’idée qu’on ne peut compter que sur soi-même, favorisant un comportement d’autosuffisance.

Oser Réinvestir les Relations

Alors, comment se défaire de ces schémas négatifs et renouer avec une perspective plus optimiste du monde? Selon le Pr Debbané, il est essentiel de reconnaître l’impact considérable de la pandémie sur notre santé mentale. Il est ensuite crucial de se réengager dans des relations sociales et d’embrasser de nouvelles expériences pour progressivement modifier ces perspectives acquises durant ces périodes difficiles. «En restant isolé, on nourrit sa négativité et son amertume. En revanche, en s’ouvrant à l’incertitude et à la nouveauté, de nouvelles solutions et façons de penser peuvent émerger», note le spécialiste. Tout comme la santé physique, la santé mentale nécessite un entretien. Dans la pratique, cela peut signifier planifier des moments de qualité avec les êtres aimés : partager des repas, organiser des activités ou des sorties en famille. Pour les couples, des moments privilégiés où chacun se sent écouté sont essentiels. Il est également important de cultiver une relation avec soi-même. «Regardez votre agenda : quand avez-vous pris rendez-vous avec vous-même?», suggère en souriant le Pr Debbané. Il est crucial de privilégier des moments pour son propre plaisir et pour les relations qui nous sont bénéfiques, plutôt que pour répondre aux attentes des autres. «Il est vital de se montrer compassion envers soi-même avec autant de sensibilité, de talent et de flexibilité qu’envers les autres», conclut-il.

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