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Appréhender les congés : une réalité pour certains professionnels
Les mots «stress», «souffrance», «angoisse», «anxiété» reviennent souvent lorsque certains expriment ce qu’ils ressentent à l’idée de partir en vacances. Contrairement à leurs collègues qui décomptent les jours avec impatience, ces personnes-là chercheraient plutôt à repousser indéfiniment cette échéance. Ce type de comportement soulève des questions et peut entraîner irritation et inquiétude chez les autres. Il est en effet révélateur d’une relation problématique avec le travail, qu’il s’agisse d’une accumulation excessive de jours de congé non pris ou d’une difficulté à se déconnecter une fois en vacances.
«Il n’existe pas de classification officielle de l’addiction au travail en tant que telle. Toutefois, dans notre groupe de travail sur les addictions à l’Office fédéral de la santé publique, nous avons choisi de nous pencher sur ce phénomène, car il constitue une réalité clinique», explique la Dre Sophia Achab, spécialiste en addictologie aux Hôpitaux universitaires de Genève et responsable de la Consultation ReConnecte, un dispositif universitaire spécialisé dans les dépendances comportementales. Dans notre société où le rendement et l’engagement professionnel sont fortement valorisés, il n’est pas toujours évident de reconnaître les signes du «workaholism». «Nous voyons des patients qui sont conscients d’avoir un problème avec leur travail et qui aimeraient ralentir mais n’y parviennent pas. D’autres consultent initialement pour un trouble différent, comme une addiction aux jeux en ligne, ou sont référés par leur médecin traitant en raison de divers symptômes physiques, tels que des douleurs abdominales, des céphalées ou des douleurs thoraciques, et c’est lors de l’évaluation initiale que nous découvrons un problème lié au travail», ajoute-t-elle.
Privation d’un «bouclier»
Les vacances sont particulièrement difficiles pour les travailleurs dépendants car elles les privent de leur «bouclier», leur moyen de protection contre les aspects inconfortables de leur vie personnelle. «Ce surinvestissement dans le travail est souvent un mécanisme d’évitement des problèmes personnels, que ce soit parce que la vie sociale de la personne est inexistante et qu’elle ne veut pas faire face à ce vide, ou parce que la situation familiale est difficile. Les vacances deviennent alors un moment de confrontation directe avec ces peurs, ce qui peut générer beaucoup d’anxiété», précise Nadia Droz, psychologue spécialisée en santé au travail et coauteure de Burn out, la maladie du XXIe siècle? (Éd. Favre, 2018).
Se sentir mal à l’aise à l’idée de délaisser son travail ne serait-ce que quelques jours devrait inciter à une réflexion sur la place prépondérante qu’occupe l’activité professionnelle dans nos vies. «Il y a des gens qui sont passionnés par leur travail ou qui placent la valeur travail très haut, et cela n’est pas nécessairement un problème, souligne la Dre Achab. Toutefois, lorsque la souffrance s’installe, qu’on se rend compte de l’impossibilité de décrocher alors que l’on en éprouve le désir, ou que l’on ne peut s’empêcher de penser à un dossier ou de vérifier ses courriels même en vacances, il est crucial de chercher de l’aide.»
Phase de préparation
Des mesures préventives peuvent aider à mieux gérer les vacances. Il est essentiel de bien se préparer. Passer brusquement d’une semaine de travail de 50 heures à un emploi du temps vide ne fait qu’intensifier l’angoisse. «Il ne faut pas partir en vacances surmené ! Il serait idéal de diminuer progressivement le rythme durant les deux semaines précédant le départ. Cette période devrait être dédiée à la finalisation des tâches en cours», conseille la Dre Achab. Elle suggère également d’activer une réponse automatique d’absence dès la veille du départ pour limiter les sollicitations de dernière minute.
En ce qui concerne l’organisation des vacances, que l’on choisisse la méditation ou un enchaînement d’activités, il n’y a ni bien ni mal. L’important est de trouver ce qui permet de se ressourcer et de planifier ses activités en conséquence, tout en tenant compte des besoins de ses proches. Pour bien profiter des vacances, il est aussi conseillé de prévoir un retour au travail en douceur. «Le premier jour devrait être consacré à se remettre dans le bain, notamment par la lecture des e-mails. Si possible, il peut être judicieux de bloquer son agenda pour éviter des réunions le jour de la reprise et s’accorder ainsi un temps de transition», propose Nadia Droz.
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