Sexualité et douleur : brisons le silence !

Aborder les douleurs sexuelles, un thème à la fois personnel et complexe, est souvent difficile. Ce problème concerne pourtant environ une femme sur cinq. « Ce n’est pas un sujet marginal, comme certains ont pu me le dire lors du démarrage de mon initiative. Le fait qu’on en parle peu donne l’impression que c’est presque inexistant, » précise Anne-Soorya Takoordyal, directrice de l’association No Dolor.

Constatant un manque de ressources fiables et la détresse des personnes affectées, Anne-Soorya Takoordyal a lancé un projet unique en Suisse romande. À partir d’un prototype de site développé durant son Bachelor, elle a établi un site web complet axé sur cette thématique. Nommée « Pvssy Talk », cette plateforme, soutenue par l’association No Dolor, vise principalement à éduquer et informer. Elle offre des données concrètes et des conseils pratiques pour aider les femmes et les personnes à vulve souffrant de douleurs sexuelles à mieux vivre leur corps et leur sexualité.

Le site présente des articles sur diverses maladies pouvant causer des douleurs sexuelles, validés par des médecins et des psychologues-sexologues. Il encourage également les femmes à pratiquer des exercices de relaxation et à identifier précisément les zones douloureuses, afin de pouvoir les communiquer efficacement aux professionnels de santé. « Il est crucial que les femmes et les personnes à vulve apprennent à mieux connaître et comprendre leur corps pour pouvoir se le réapproprier, affirme Anne-Soorya Takoordyal, mais elles n’ont pas toujours été encouragées à l’observer attentivement. »

Un aspect crucial de la santé mentale

Les douleurs ont un impact significatif sur le bien-être psychologique, d’où l’importance accordée à la santé mentale sur cette plateforme d’éducation sexuelle. « L’accompagnement constant de psychologues, dès la création et pendant l’enrichissement du site, est vital car cela nous aide à bien expliquer et mettre en avant les effets des douleurs sexuelles sur la santé mentale, » explique la directrice. Ces douleurs entraînent des conséquences tant physiques que psychologiques, qui doivent être davantage reconnues.

Le site permet aussi aux utilisateurs de réaliser qu’ils ne sont pas seuls face à ces problèmes et qu’ils peuvent partager leurs expériences et ressentis. « Il est essentiel de normaliser les discussions sur ces sujets, estime-t-elle. Même si elles sont intimes et personnelles, toutes les questions méritent d’être posées et doivent recevoir des réponses appropriées. »

Des douleurs qui compromettent la qualité de vie

Ces douleurs sont parfois minimisées, notamment par les professionnels de santé. « Il arrive souvent que ce problème soit ignoré par le corps médical, » déplore Anne-Soorya Takoordyal. Elle ajoute : « Il ne s’agit pas de blâmer les soignants. Notre but est plutôt de collaborer et de travailler ensemble pour améliorer la reconnaissance et la gestion de ces douleurs. »

Les choses semblent néanmoins évoluer. « Certains jeunes médecins s’engagent pour améliorer la communication avec leurs patientes et la prise en charge de leurs douleurs, qui affectent leur vie quotidienne, intime et professionnelle, » souligne Anne-Soorya Takoordyal.